samedi 27 octobre 2012

L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche

Lorsque Libfly m'a proposé de recevoir dans le cadre de la voie des Indés ce livre des Editions des Syrtes, je n'ai pas beaucoup hésité. 
Le seul détail qui m'effrayait un peu (je l'avoue) était de relire Don Quichotte, dont ma première lecture n'est pas si lointaine. Le tout dans une durée très courte.
Mais amoureuse des beaux livres, je n'ai pas pu résister quand j'ai appris que c'était une édition illustrée. Alexandre Alexeieff, graveur du début du XXe siècle (que je ne connaissais pas), a reçu une demande : celle d'illustrer Don Quichotte pour un éditeur espagnol. Hélas, une fois les gravures réalisées, le projet n'a pas vu le jour. C'est avec ce livre qu'on peut désormais les redécouvrir.

Ce livre épais, au papier de qualité, illustré une page sur deux ou presque, fait la part belle aux illustrations du graveur. Celles-ci sont saisissantes : expressives, vivantes, pleines d'humour, parfois touchantes (mais je n'irai pas jusqu'à tragiques). Et variées. Jetez donc un oeil à cette sélection : le style passe d'une épure totale à un expressionnisme fort. Une constante : les illustrations sont très fidèles au texte et d'une grande économie de moyens. 


Et le texte ? Notez que c'est une version abrégée. Avec des extraits choisis. Je vous le disais, environ une page de texte pour une illustration en pleine page en face. Le livre compte 115 gravures. Et autant de texte. Donc il n'est pas possible d'avoir l'intégral. 
C'est sur le texte que j'ai un petit reproche à faire. Malgré les passages résumés intégrés entre les extraits, certaines transitions sont très rapides. Et les multiples incises du texte, qui peuvent être illustrées en partie, souffrent de cette mutilation du texte. Bon, je vous rassure, j'ai toujours ma version complète à laquelle me référer en cas de manque. Et malgré ce que je dis là, il n'y a pas de réelle incompréhension de la trame, juste quelques moments où l'on ne voit pas trop le lien avec la page précédente. 
Je chipote mais je pense que ça peut gêner un lecteur qui n'aurait que ce livre. 

Revenons aux qualités de cette édition. Outre la beauté des gravures (et du papier qui leur rend justice, c'est important aussi), notons l'intérêt des textes qui accompagnent et éclairent cette publication. L'un s'attache au travail d'illustrateur d'Alexeieff, l'autre au contexte et à l'interprétation de cette commande (très intéressant), le suivant aux différentes versions illustrées du texte depuis sa publication (chouette aussi, je ne connaissais que les versions de Doré, Hogarth et Picasso) et le dernier, de Tourgueniev, établit une comparaison entre Don Quichotte, l'idéaliste, et Hamlet, l'égoïste (étonnant mais passionnant). 

C'est donc un très beau livre dont le sujet est bien le travail d'Alexeieff que vient presque illustrer le texte de Cervantès. Un livre que l'on peut feuilleter, pour le plaisir de retrouver Sancho Pança et son âne, pour se remémorer un épisode, pour admirer le travail du graveur. Un livre qui se contemple, qui crée des résonances (tiens, cet autodafé, c'est intemporel ou ces processions, sont-ce des relents de l'inquisition) et donne envie de relire Don Quichotte.

Merci pour cette belle découverte !

2 commentaires:

  1. Cela donne envie ! Je ne connais pas du tout ces éditions. Merci pour l'info et bon week end.

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  2. Bonne découverte ! Et bonne semaine

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