jeudi 12 février 2015

Viollet-le-Duc, les visions d'un architecte

Alors que s'ouvre un colloque sur Viollet-le-Duc organisé par la Cité de l'Architecture, il est plus que temps de vous parler de cette expo

En entrant dans l'expo, on rencontre d'abord l'homme. Viollet-le-Duc nous est présenté comme un bourgeois bien en cour. Ses portraits succèdent aux anecdotes. Nous découvrons ainsi dans un joli dispositif sonore et lumineux l'éblouissement d'Eugène-Emmanuel devant la rosace de Notre-Dame de Paris sur fond d'orgue.

Nous l'accompagnons ensuite dans ses voyages en France et à l'étranger (très chouettes cartes avec dates et destinations). Là, Viollet-le-Duc se forme lui-même, dessinant sans cesse. Cet autodidacte, méprisant les formations académiques, se voit confier une partie de l'illustration des Voyages pittoresques et romantiques (dont parlait récemment le Musée de la Vie Romantique). La précision de ses dessins fascine. Mais il ne faut pas s'y fier. Ainsi, la restitution du théâtre de Taormina est très convaincante et séduisante, mais fautive. Confiant en sa "vision" romantique, notre dessinateur s'attache plus à ses impressions qu'à la réalité archéologique ou historique. Rappelons-nous qu'il est l'auteur de cette splendide phrase : "Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné". Intéressant point de vue, non ?

Viollet-le-Duc, vue restaurée du théâtre de Taormine, 1839
Viollet-le-Duc, vue restaurée du théâtre de Taormine, 1839

D'autres dessins plus inattendus, ceux de Dame Nature : la montagne, les animaux, les plantes... Notre homme était un esprit curieux, cartographe à ses heures. En quoi cela sert-il sa vision de l'architecture ? Tout simplement en considérant les bâtiments comme des corps avec leurs squelettes et leurs chairs. 

Aperçu du musée de la sculpture comparée
Aperçu du musée de la sculpture comparée
Et où fait-il ses armes comme architecte et restaurateur ? Sur le chantier de la Sainte Chapelle, aux côté de Lassus et Duban. On a ensuite un aperçu du chantier de Notre-Dame, de Pierrefonds (par des dessins)... et puis c'est tout. Pas de traces de Vezelay, de Carcassonne ou de Saint-Sernin de Toulouse (pour nommer ses chantiers les plus contestés). L'expo s'intéresse à d'autres créations de l'architecte, notamment ses dessins d'ornements et d’orfèvrerie, fortement inspirées de l'art gothique. Et à des aspects divers de sa personnalité, comme sa volonté de transmettre ses connaissances, que ce soit par l'écrit (dictionnaires, livres pour les enfants, etc.) ou par l'objet (Musée de sculpture comparée). 


L'exposition n'est donc pas tant consacrée à Viollet-le-Duc comme architecte que comme dessinateur, pédagogue ou visionnaire. N'y allez donc pas en ayant trop à l'esprit ses réalisations architecturales, vous risqueriez de ne pas vous y retrouver. La volonté est plutôt d'explorer la source féconde des créations de l'artiste, ses visions...

Viollet-le-Duc, wagon du train impérial, 1856
Viollet-le-Duc, wagon du train impérial, 1856

Si le parti pris ne m'a pas toujours convaincue, construisant une rétrospective qui se veut autre chose qu'une rétrospective, j'ai été séduite par les multiples facettes de Viollet-le-Duc. Enfin, notez que beaucoup de dispositifs intéressants ont été mis en place pour faire du visiteur un dessinateur !

6 commentaires:

  1. Pour moi le 9 mars c'est trop tôt, tant pis. As tu regardé Des racines et des ailes en 2014, Viollet le duc, justement
    https://www.youtube.com/watch?v=X7alCki_TA8
    Passionnant.

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  2. Je note tes réserves (me voilà prévenue pour l'aspect architectural) mais je suis très curieuse d'en apprendre plus sur cet homme ...

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  3. J'ai vu quelques-unes de ses restaurations et c'est une expo que j'aimerai bien voir !

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