vendredi 31 août 2012

En Compagnie des loups

Voilà des mois que je souhaitais lire les nouvelles d'Angela Carter. Je savais qu'elle pratiquait la réecriture de contes. Et vous savez combien j'apprécie ce type de textes ! 

Le cabinet sanglant : Barbe-Bleue revu et corrigé.
La compagnie des loups : le chaperon n'a plus peur du loup.
Le loup-garou : Une autre version du petit chaperon.
Louve-Alice : Une fillette, mi-humaine, mi-bête.
M. Lyon fait sa cour : La Belle et la Bête.
La jeune épouse du tigre : une autre version de la Belle et la Bête, à l'envers.
Le chat botté : le cabotin protège et favorise les amours de son maître. Il a des airs de Figaro.
Le roi des Aulnes : Une fillette et le roi dans une sombre forêt.
L'enfant de la neige : Une Blanche-Neige morte-née.
La dame de la maison d'amour : une histoire de vampire et de jeune homme pur aux airs de Belle au Bois Dormant.

Ces nouvelles, toujours centrées sur des personnages féminins, sont à la fois pleines de poésie, de désir et de peur. L'érotisme et la sexualité sont très présents dans cet univers. Idem pour l'angoisse devant ces êtres inconnus, ces hommes si proches de la bête. Cette relecture des contes m'a semblé malsaine. Les héroïnes ont des envies qui m'échappent. Et pourtant, j'ai beaucoup aimé ces nouvelles. 

Elles montrent crûment ce que les contes renferment mais ne nomment pas à savoir cette sexualité latente, ces rites de passage, ces luttes entre les âges etc. Bref, une lecture fort intéressante !

vendredi 24 août 2012

Sido suivi des Vrilles de la vigne



Colette pour moi, c'est Claudine. Ah, comme j'ai pu dévorer cette série. Ici, on retrouve son ton plaisant, sa légéreté.

Sido, c'est cette mère aimante et sévère. Et avec elle est présentée la famille de Colette : son père dit 'le Capitaine', ses frères... Ils sont sympa ses frères, ils comptent les mignonnes dans leurs lectures respectives ! Une enfance ensoleillée, fruitée.

Les vrilles de la vigne, ce sont des chroniques. Beaucoup mettent en avant des animaux, Kiki la doucette et Toby chien, d'autres s'attardent sur Valentine ou Claudine, bourgeoises parisiennes, d'autres sont plus poétiques et de l'ordre de la description.
Ces chroniques ne manquent pas d'humour. Elles dressent un tableau de la bourgeoisie. Et de la rebelle qu'est Colette !

mardi 21 août 2012

Au ciné cet été...


To Rome with Love
Le dernier Woody Allen est sympathique sans être non plus inoubliable. 
Vous êtes à Rome avec un jeune couple aux parents très différents, un homme qui ne chante bien que sous sa douche, un autre couple qui accueille une amie sexy en diable à partager leur quotidien... ça fait quelques situations compliquées, des moments amusants sur un paysage italien urbain ensoleillé. 
Sympa !



Rebelle
Le dernier Disney n'était pas à la hauteur de mes espérances. 
Merida, rousse fillette énergique et sportive, est une princesse pas comme les autres. Elle a un caractère bien trempé et n'a aucune envie d'épouser qui que ce soit. Elle se veut libre. Pour le rester, elle est prête à tout. Mais elle ne se rend pas compte de l'impact de ses choix. Et se retrouve avec des problèmes familiaux... compliqués à gérer. 
Je ne vous en dis pas plus mais sachez que cette princesse ne m'a pas beaucoup plu. Je l'ai trouvée plutôt fade. Et l'histoire m'a furieusement fait penser à Frère des ours... Bref, une déception. 

vendredi 17 août 2012

Mort à crédit

Ceux qui me suivent savent combien cette lecture de Céline a pu être éprouvante. Lente. Pénible. Ecoeurante.
Autant Voyage au bout de la nuit m'avait plu. Autant celui-ci a eu du mal à me séduire... avant les dernières pages.

Pourquoi ? 
Le style : ... !!! ! ... ! A force, ça fatigue. Et ça fatigue de plus en plus vite. Tant d'exaltation, cela m'épuise. Et puis l'argot. Les mots orduriers. 
Et enfin le thème lui-même. Quel espoir dans cette autobiographie ? Ferdinand nous conte une enfance sordide, au milieu d'êtres médiocres. Il parle de pauvreté, de saleté, de promiscuité. 
Que ce soit passage Choiseul où il vit avec ses parents, au lycée anglais ou avec Courtial, la violence (verbale et physique) est toujours présente. 
Et les scènes de sexe... Ecoeurantes aussi. Dégoûtantes (qui est un des mots favoris de l'auteur). 
Et les repas, le rapport à la nourriture, le fait de vomir (régulier aussi dans ce texte) : toujours avec cette pointe répugnante.
Sans compter le rapport à l'autre qui est souvent malsain.
Et les scènes de fièvre et de délire qui font qu'ont perd brusquement le fil.
Bref, cette lecture m'a mise mal à l'aise.

Heureusement, Céline sait rire et plaisanter. Oui, oui, même au milieu de la crotte et dans le plus grand dénuement. Il fait du lecteur un voyeur. Sa littérature a un effet immédiat et presque physique : on partage les nausées de Ferdinand, ses chocs. 
On apprécie autant que lui les figures folles et étonnantes de Courtial et de sa femme. On s'en moque gentiment. 
Ouf, vous voyez, je n'en tire pas qu'un dégoût profond. Je retiens des caractères, un style qui, même s'il m'a déplu, m'a véritablement épatée. Et ce n'est pas si fréquent !

lundi 13 août 2012

Les jardins statuaires

Jacques Abeille nous entraîne dans un monde étonnant. Un voyage dans un pays fascinant.

Figurez-vous un voyageur, dont le nom vous restera scellé, dans un lieu qu'il ne connaît nullement. Vous ne savez comment ses pas l'ont mené là.
Il vit dans un hôtel au confort contestable. Autour de lui, deux hommes : le tenancier de l'hôtel et le guide. Comme son nom l'indique, le second fait découvrir au voyageur le pays. Il l'introduit dans les jardins statuaires. Le premier cache quelque chose. Mais on l'apprend plus tard.
Dans ce monde, les hommes cultivent les statues. Et l'organisation sociale rappelle celle des mondes antiques. Dans ce monde, les hommes sont attachés à des domaines gérés par un doyen, les jardiniers taillent et soignent les statues, les adolescents se forment. Dans ce monde, les livres sont des biographies, des essais philosophiques et historiques rassemblés dans un volume en expansion. 
Bien d'autres particularités sont à signaler mais le plus simple est peut-être que vous lisiez vous-même ce très beau roman.

Sachez que vous suivrez la narration simple et concise, souvent descriptive du voyageur. Sachez également que ces domaines statuaires, certes figés, sont bien moins semblables et simples qu'ils n'en ont l'air. 

Une lecture d'une traite, sans chapitre ni coupure, portée par un style précis et pur. Du grand art !

vendredi 10 août 2012

The Wonderful Wizard of Oz


Vous ferais-je l'affront de vous rappeler l'histoire du magicien d'Oz telle que nous la conte Baum ? 


La petite Dorothy atterrit sur la maison de la sorcière de l'Est suite à une tornade qui l'a emportée loin de chez elle. Se mettant en quête d'un moyen de retrouver son Kansas natal, elle rencontre un épouvantail, un bucheron de fer et un lion peureux. Tous l'accompagnent vers la cité d'Emeraude où le magicien d'Oz devrait pouvoir résoudre les problèmes de chacun.
L'épouvantail veut un cerveau.
Le bucheron un coeur.
Le lion du courage.
Mais pour cela, il leur faut d'abord tuer la sorcière de l'ouest. 
Bon, que vous connaissiez la suite ou pas, je m'arrête là.

Je ne vous raconterai pas non plus les interprétations politiques ou symboliques du livre.
Pour moi, c'est avant tout un conte pour enfant et je préfère m'en souvenir comme tel. Par contre, j'aime quand on s'amuse à lui donner une nouvelle vie !

Wicked notamment
Et Claro, brillamment !

mercredi 8 août 2012

Eichmann à Jérusalem

J'avais toujours lu des extraits de Hannah Arendt. Il m'est venu l'envie d'aller plus loin et de découvrir son oeuvre. 
J'ai donc lu ce livre où l'auteur, journaliste alors, assiste au procès d'Eichmann.

Après avoir campé le décor, on entre dans le vif du sujet : Eichmann. L'accusé est présenté, il apparaît d'emblée comme un homme lambda, un médiocre qui n'a su aller au bout de ses ambitions. Mais pour la mise en place de la solution finale, c'est un bon logisticien, un travailleur rigoureux et efficace. Qui n'interroge pas ce qu'il fait, ni ce qu'il est en agissant ainsi. Qui fait. Banalité du mal. 
Eichmann n'est ni un extrémiste ni un passionné. C'est un exécutant : il suit la loi.
Cet exécutant donne également l'image du fonctionnement du système totalitaire. Il s'efface derrière des mots qui n'ont plus de sens, pratiquant perpétuellement l'euphémisme. 
Un livre fait de précisions : d'un ton neutre, Arendt, note les moments du procès. 

Cette lecture que j'imaginais essentielle garde son actualité. Elle interroge le lecteur : combien d'Eichmann aujourd'hui ? Pour quel mal banal ?

lundi 6 août 2012

Possession

Vous n'imaginez pas combien de temps je me suis traîné cet ouvrage de A. S. Byatt. 
Fashion me l'avait gentiment envoyé après avoir renoncé à le lire. Il lui été tombé des mains. Il a failli tomber des miennes aussi.

Le topo ? 
Roland Michell est un jeune universitaire. Il étudie les œuvres de Randolph Henry Ash, poète victorien (et bavard), et tombe sur une lettre. Il creuse. 
Maud Bailey, une chercheuse spécialisée dans l'étude de Christabel LaMotte, va l'accompagner dans ce jeu de piste. 
Entre les différents moments de leurs recherches, s’intercalent le fruit des recherches en question : correspondance entre les deux écrivains (j'avoue, là, j'ai cru que j'allais jeter le bouquin), poèmes, etc

Ce livre est un voyage entre deux époques : l'époque victorienne sous le regard d'écrivains romantiques et l'ère contemporaine dans le milieu très étriqué des universités... où chacun est prêt à tout pour avoir un scoop vieux de quelques dizaines d'années. Sans trop se soucier non plus de la façon dont il fait les choses : pas de secret ou de dernière volonté qui tienne.

Alors, il y a quelques passages amusants (sachant que l'ensemble se veut satirique), le pastiche, c'est rigolo aussi mais alors à petite dose (non, pitié, pas les mille vers de Mélusine), l'idée n'est pas mauvaise, le style... ben c'est toujours le pastiche universitaire chiant.
Vous l'aurez compris, à moins d'apprécier les polars littéraires qui se prennent au sérieux, je ne vous conseille pas cette lecture. Allez plutôt lire un bon petit Umberto Eco, au moins vous vous amuserez. Et vous apprendrez quelque chose !

Tenez, il y a Le Nom de la Rose de dispo !

dimanche 5 août 2012

Le Trône de fer_Intégrale 1

Et voilà, moi aussi je cède à la mode de George R. R. Martin. Et ce n'est même pas à cause de la série (même si j'envisage d'y jeter un oeil bien entendu).
Ahlala, comment c'était trop bien !!!

Bon, je suis encore sous le charme mais ça ne va pas m'empêcher de vous conter un peu ce qu'il se passe. Nous sommes à Westeros. Contrée sur laquelle règnent des seigneurs et leurs maisons. Mais tous se sont soumis à un roi (celui qui a le charmant trône de fer). Ambiance médiévale, quoi.
Roger Baratheon est ce roi. Guerrier courageux, passionné, extrême, il a détrôné le roi précédent et uni les différentes maisons. La mort de sa précédente main (entendez le vizir, premier ministre ou tout autre personne qui règne à la place du roi) le pousse à demander à Eddard Stark, son ami, de devenir à son tour main du roi.
Et c'est là que tout commence ! Les suspicions, les mensonges, les vengeances... tout se met en place petit à petit.

Chaque chapitre nous est conté par un personnage. Outre Eddard, nombre de ses enfants prennent la parole : Jon, Sansa, Arya, Bran, ... mais aussi Tyrion Lannister, un nain de la famille ennemie des Stark, Daenerys, fille du roi précédent...
Tout ce petit monde, dans un coin différent de Westeros, mène ses petites affaires. Et espère rester vivant un peu plus longtemps. Car au jeu des trônes, il n'y a évidemment pas que des gagnants.

Une pointe de fantasy se glisse : des êtres étranges vivent dans les contrées du nord... et le sang du dragon pourrait bien se réveiller un jour...

Extrêmement prenant, bien écrit, fin psychologiquement, je suis emballée ! 
Ouf, j'ai la suite sous la main, ça devrait bien se passer :)

samedi 4 août 2012

1979

Voilà longtemps que je n'avais pas lu Jean-Philippe Blondel. Ce petit roman m'a beaucoup plu !

Sur un mur, un tag "1979". Cette date, elle évoque à chacun quelque chose de différent, de personnel, un moment de son histoire. 
De la simple nostalgie à l'évocation de souvenirs terribles et haineux, cette date va réveiller chez différents habitants d'une ville de province des émotions enfouies.

Ce que j'aime chez Blondel, c'est cette capacité à faire monter une tension. Il nous présente des personnages souvent un peu endormis dans leur vie. Et un rien vient les déstabiliser. Cette date en l’occurrence. Et sa disparition. Roman polyphonique bien mené, aux personnages tristes, il laisse un sentiment de gâchis... Et si, et si...
Tous nos personnages vont finalement être amenés à se rencontrer. Mais ce n'est pas pour autant qu'il partageront leurs souvenirs...

vendredi 3 août 2012

Sagan, un chagrin immobile

Je ne suis pas une énorme fan de Sagan. Alors quand on m'a offert ce titre, j'ai été quelque peu étonnée. Mais soit, ce serait l'occasion d'en savoir plus sur celle que je voyais comme une enfant gâtée de la littérature, une fille qui brûle la vie par les deux bouts et écrit sans conviction.
Eh bien, sachez que pour l'écriture, c'est plutôt le contraire. Sagan est visiblement de celles qui ne peuvent vivre sans un cahier et un crayon, qui écrit chaque jour, qui travaille ses textes. Et elle a d'ailleurs beaucoup plus publié que je ne l'imaginais. 

Pascal Louvrier nous présente la petite Françoise Quoirez, sa jeunesse libre et ensoleillée, ses attitudes de cancres dans les différents lycées où elle passe, ses fréquentations bourgeoises etc.
Jusqu'au premier roman qui est écrit à la faveur de vacances, publié dans la foulée et immédiatement adoré.
Mais ces débuts prometteurs sont déjà teintés de mélancolie et l'on sent poindre en chaque acte cette fameuse tristesse qui la rendit célèbre. La bourgeoise désabusée de ses livres est certainement déjà présente.

Jusqu'à sa mort, Pascal Louvrier nous accompagne auprès de Sagan, nous conte ses pertes et ses succès. Il a su assortir son livre au ton de Sagan. 
Il éclaire un aspect que je ne connaissais pas à savoir ses problèmes financiers, ses engagements politiques et   ses addictions. Il dresse un portrait où se mêlent admiration et compassion.
Et il donne envie de relire Sagan, de découvrir ses autres livres !

Une très belle biographie !

jeudi 2 août 2012

Princesses mais pas trop


Ce petit roman de Jim C. Hines sait marier contes, humour et aventure !

La jolie Danièle, que nous connaissons sous le nom de Cendrillon, a manqué de se faire assassiner dans sa chambre, au palais, par une de ses demi-soeurs. Maintenant qu'elle a épousé Armand, cela devient une affaire très sensible. Heureusement, Talia, une belle au Bois Dormant aux allures de ninja, veille sur la princesse. 
Mais ce n'est que le début : le prince Armand a visiblement été enlevé. 
Danièle, Talia et Blanche, une Blanche Neige hyper sexy et magicienne, s'embarquent vers le pays des fées où se perd la trace du charmant prince.
Rebondissements au rendez-vous !

Une lecture qui ne restera pas inoubliable mais qui a le mérite de faire rire et de distraire. Et puis, ça parle de princesses quand même !!